Animapro

Travailler avec les animateurs spécialisés

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation  ■ n°39 ■ mai 2003

 

Article publié sur ANIMAPRO avec l'aimable autorisation de Jacques Trémintin

 

 

 

 

On pourrait presque dire du métier d’animateur qu’il est victime de son succès. La multiplication des spécialités qu’il s’est mis à couvrir au fil des années ainsi que des domaines qu’il a pénétrés, a provoqué pas mal de confusion quant à ses limites et à ses frontières. Où commence l’animation  et où se termine-t-elle ? La complexité de la réponse qui peut être apportée à cette question renvoie, entre autre, au problème de l’articulation entre la polyvalence et la spécialisation. Première tentative de clarification au travers de ce dossier qui tentera de resituer la place de chacun.

 

 

L’animation au service du lien social

 

Qu’y a-t-il de commun entre l’animateur travaillant auprès de personnes âgées et l’animatrice périscolaire en école primaire ? Que partagent ensemble un animateur proposant un atelier informatique dans le cadre d’un lycée agricole et une animatrice de centre social accompagnant un groupe d’habitants d’un quartier défavorisé dans un projet de vacances au bord de la mer ? Le domaine de plus en plus vaste recouvert par cette profession, que ce soit dans le domaine du sport, du culturel ou du social rend complexe parfois l’identification de ses champs de compétence exacts. Mais, ce qui pourrait, au premier abord, apparaître comme un handicap pour déterminer une même identité professionnelle, constitue peut-être, finalement un atout.

 

Le constat qui est fait d’une animation qui aurait tendance à s’infiltrer dans tous les pores de la société et à se généraliser à tous ses niveaux peut trouver une toute première réponse dans la nature même de cette fonction. Car, bien avant d’être identifiée à une démarche bénévole ou professionnelle, elle a fait partie du quotidien de l’histoire humaine. Toutes les civilisations ont animé, pendant des millénaires, les longues veillées d’hiver (récits mythiques, chants, jeux etc...), les cérémonies rituelles (au moment du changement de saison, des naissances ou des morts...), les manifestations culturelles (que l’on pense à la grotte de Lascaux) par des mises en scène diverses et des modes d’expression multiples qui jouaient un rôle essentiel dans la transmission des valeurs, des savoirs et dans la cohésion du groupe. C’est peut-être, d’abord, tout simplement pour cela qu’il est difficile de délimiter l’animation : parce qu’avant d’être confiée aux bons soins d’un groupe particulier, elle était spontanément prise en charge et parfaitement intégrée dans la tradition.

 

 

Le nouveau prend la place de l’ancien

 

Malgré les famines, les épidémies ou les guerres, la communauté humaine a réussi pendant très longtemps à préserver un mode de vie relativement stable, ainsi qu’un certain nombre de coutumes et de régulations qui servaient à relier les uns aux autres, dans une logique d’appartenance commune. La structuration des rapports sociaux, si elle était marquée par la rigidité et l’inscription dans un ordre immuable qui ne permettait pas l’expression de l’individu, plaçait néanmoins chacun sous la protection plus ou moins efficace de son groupe d’origine. Avec la fin de l’ancien régime et la montée du capitalisme qui s’imposent au XVIIIème siècle, l’organisation de la société s’est trouvée complètement déstabilisée, les relations tissées autour de ses membres subissant un véritable éclatement. Les habitudes de vie telles qu’elles s’étaient reproduites pendant des générations se sont délitées, plus lentement dans les campagnes, mais d’une façon accélérée autour des premières manufactures. L’ordre ancien ayant été détruit, un nouvel équilibre devait être trouvé. De nouvelles règles et de nouveaux modes d’organisation émergèrent alors. La famille moderne se construisit à partir de la nécessité de stabiliser une main-d’œuvre qui avait pris l’habitude d’errer de place en place, au gré de son humeur. L’instauration de l’obligation scolaire s’imposa pour répondre aux besoins grandissants de l’industrie de disposer de salariés suffisamment qualifiés. La question sociale apparaît, quant à elle, comme le produit de la profonde paupérisation issue du développement de l’économie industrielle. L’insécurité absolue face aux aléas de la vie (chômage, maladie, vieillesse), les difficiles conditions d’existence (comme par exemple des logements étroits, parfois insalubres, très souvent surpeuplés), des rémunérations permettant à peine de survivre … Si toutes ces circonstances n’étaient pas nouvelles, elles étaient néanmoins, jusqu’alors, vécues dans un contexte communautaire fort et un sentiment d’appartenance. Ce qui est nouveau, c’est que, dorénavant, l’individu se trouve le plus souvent livré à lui-même, avec une impression de délitement généralisé. La misère et la détresse vont provoquer des réflexes de survie qui se tourneront vers la solidarité et la recherche de nouveaux modes de régulation sociale.

 

 

L’animation comme réponse à la question sociale

 

Quatre réponses sont alors proposées. La première se situe dans le domaine des conditions de travail : associations et syndicats se créent, s’organisent et se battent pour obtenir des améliorations notables. La seconde correspond aux partis ouvriers qui revendiquent  le combat politique pour l’émancipation du prolétariat. La troisième  relève des revenus de substitution liés à la maladie, au chômage ou à la vieillesse. C’est là le domaine des assurances sociales qui mettront de longues années pour se généraliser et être garanties à tous (1945). Enfin, quatrième réponse, celle s’adressant à la vie hors du travail : habitat, hygiène, conditions de vie, éducation des enfants, loisirs ... C’est à ce niveau qu’intervient l’éducation populaire qui préconise l’accès à l’instruction et à la culture, comme moyen complémentaire pour sortir de l’asservissement. A partir de 1848, des patronages sont créés : confessionnels tout d’abord, puis, à compter de 1890 apparaissent leurs équivalents laïcs. Il s’agit de ne pas laisser la jeunesse livrée à l’oisiveté. On y propose à un public de jeunes apprentis et de jeunes ouvriers une action spirituelle et/ou éducative, mais aussi sociale au travers d’activités sportives et culturelles. Ce qui, pendant longtemps, avait été niché au cœur de la communauté traditionnelle, prend pour la première fois la forme d’une structure spécialisée. Le mouvement était lancé. Suivront la création des centres sociaux, l’organisation des premières colonies de vacances, le lancement des mouvements d’auberge de jeunesse apparus dans la continuité des premiers congés payés instaurés en 1936 etc … Pour faire vivre ces lieux, on a d’abord largement eu recours au bénévolat et au militantisme. Mais, très vite, la nécessité de permanents s’impose. Ils sont d’abord en nombre infime, mais préfigurent le futur métier d’animateur. Après la seconde guerre mondiale, au début des années 1950, on compte environ un millier de foyers ruraux, 200 Maisons de jeunes et de la culture, 150 Foyers de jeunes travailleurs 300 foyers Léo Lagrange. Nommé haut commissaire à la jeunesse et aux sports en 1958, Maurice Herzog décide de répondre à la turbulence des adolescents issus du baby boum, en lançant un vaste programme de construction d’équipements socioculturels : notre pays compte aujourd’hui 100.000 équipements sportifs et 20.000 équipements socioculturels.  La croissance continue de ces installations a provoqué une augmentation en conséquence des personnels chargés de les faire vivre. La profession d’animateur qui a vraiment pris son essor entre 1956 et 1963 connaît, dans les décennies qui vont suivre une croissance continue. Cette évolution s’est encore confirmée dans les années 1990, puisque entre 1993 et 1996, on a pu compter + 13% d’effectifs salariés supplémentaires, soit 70.000 emplois en seulement quatre ans. La profession regrouperait aujourd’hui près de 120.000 personnes.

 

 

Les fondamentaux de l’animation

 

Face à cette multiplication impressionnante du nombre d’animateurs, la question qui se pose concerne l’impact que cette évolution a pu avoir sur l’étendue du champ de compétence de la profession.

 

 Mais, avant de s’intéresser à sa diversification, peut-être faut-il commencer par aborder ce qui en constitue les fondamentaux. Existe-t-il des dominantes qui pourraient constituer la base commune à tous les animateurs ?

On peut aller chercher une première réponse possible du côté de la présentation qui est faite de ce métier par les organismes officiels : ainsi l’ONISEP met-elle en avant comme tâche essentielle : « développer une meilleure cohésion du lien social », favoriser « la socialisation et  l’insertion de jeunes et des adultes » (cf. fiche pratique ONISEP). L’une des missions essentielle dévolue à la société à ces professionnels serait donc bien de contrecarrer l’affaiblissement des liens sociaux coutumiers et de contribuer ainsi à recréer une dynamique de socialisation qui favorise l’intégration du public concerné.

Le second objectif qui est particulièrement ancré dans l’esprit des acteurs du secteur consiste à inscrire l’activité proposée dans une éducation globale et permanente. Héritier d’une « vision moralisatrice de l’oisiveté, qui perdure jusqu’à aujourd’hui, la création d’un espace significatif de temps libre ne doit pas être, aux yeux des animateurs, l’occasion de s’abandonner à des occupations sans prétention de progrès humain. Ce temps doit être rempli de façon honnête et contrôlée par les institutions éducatives » (1). C’est une véritable morale sociale qui traverse le monde de l’animation de part en part. Rien n’est plus insultant, pour les intervenants, que de limiter l’action engagée à une simple dimension occupationnelle. Les bénévoles comme les professionnels se font un point d’honneur de l’inscrire dans une démarche dont l’objectif est bien de respecter une exigence éducative et sociale. L’activité, si elle peut prendre une place importante en temps et en énergie, n’apparaîtrait finalement qu’en tant que support, qu’outil, presque comme prétexte à un projet plus global et plus ambitieux que la simple offre de loisirs.

Troisième mission, celle qui relève d’une authentique ambition émancipatrice : mobiliser les compétences générales et spécifiques autour d’un projet d’autonomisation, rendre les groupes sociaux plus aptes à communiquer, à décider et à agir, permettre aux individus de devenir plus libres, plus conscients et plus maîtres de leur destinée.

Oeuvre de socialisation, d’éducation et d’émancipation, l’action de l’animateur semble, avant tout, marquée au coin d’un humanisme progressiste : la culture est conçue comme un outil de lutte pour le déconditionnement des contraintes, des normes et des barrières mises en place par les hiérarchies sociales. La finalité ultime serait-elle à rechercher du côté de la transformation sociale des rapports humains vers plus de solidarité, une vie meilleure et l’épanouissement de chacun ? (cf. fiche pratique : agent de changement ou d’intégration aliénante)

      

 

La réactivation de la question sociale

 

Si on peut situer les racines du secteur de l’animation socioculturelle dans le délitement du lien social vécu au XVII et XVIIIème siècle sous l’effet d’un libéralisme économique effréné broyant sur son passage les plus fragiles et les plus pauvres, l’évolution de ces dernières décennies semble avoir replongé notre société dans une tourmente, qui sans être comparable à ce qui s’est passé au début du capitalisme, n’en a pas moins profondément bousculé les normes de vie et le lien social, provoquant en conséquence des transformations dans l’exercice de la profession d’animateur. Il y a d’abord la réalité de l’exclusion qui s’est aggravée brutalement. Quelques chiffres permettront de se représenter l’ampleur des difficultés qui s’imposent aujourd’hui à une fraction non négligeable de la population : 4,5 millions de français vivent en dessous du seuil de pauvreté (500 €), 3 millions d’entre eux touchent l’un des minima sociaux,  un chômeur sur deux n’est pas indemnisé et vit avec le RMI, plus de 2 millions de mal logés habitent des logements précaires (200.000 sont sans domicile fixe), 600.000 personnes sont surendettées. La permanence de cette pauvreté et sa pérennisation dans le temps ont induit chez les animateurs un rôle de plus en plus social. Impossible, dans beaucoup de situations, de proposer une activité sportive ou culturelle sans être confronté à un moment ou à un autre à une difficulté d’ordre social ou à ses conséquences indirectes.

Mais, les bouleversements intervenus dans les relations sociales vont au-delà de la simple paupérisation. Dans un livre récent, deux thérapeutes en donnent une présentation saisissante. (2)

 

 

Une société en mutation

 

Notre époque, expliquent-il, est marquée par toute une série de mutations qui constituent le contexte dans lequel se manifeste la difficulté à vivre. Premier choc : la rupture téléologique prenant la forme de la fin de la croyance en un avenir meilleur. On est passé d’une confiance quasiment aveugle dans l’avenir à une défiance tout aussi systématique. La conviction en un progrès inéluctable s’est effondrée. Second cassure : la rupture du lien asymétrique entre les générations. La conséquence essentielle tient dans le fait que les plus jeunes ne reconnaissent plus l’autorité des adultes, la contestation de la hiérarchie apparaissant comme l’une des seules forme d’émancipation et de liberté. Troisième transformation essentielle : l’humanité se présente à travers une vision utilitariste, comme une série d’individus isolés, entretenant d’abord des relations contractuelles et de rivalité, faisant passer au second plan les affinités électives et de solidarité (familiale et autres). Celui qui veut gagner doit écraser l’autre. Là encore, l’animateur est au premier rang pour subir de plein fouet les effets de ces changements de perspective.

Enfin, troisième type de mutation qui implique des conséquences non négligeables : le vieillissement de la population. Les progrès médicaux, ainsi que la prolongation de l’espérance de vie aboutissent à une véritable explosion du nombre des personnes âgées : les projections prévoient d’ici à l’an 2.050 un doublement des plus de 65 ans, un triplement des plus de 75 ans et un quadruplement des plus de 85 ans. L’animation auprès des personnes du troisième âge est appelée à devenir dans les décennies à venir un axe important de la profession.

 

 

La réponse adaptée du secteur de l’animation

 

L’animateur a été au départ surtout présent dans les maisons de jeunes et de la culture  (MJC), les centres sociaux et maisons de quartier, les foyers ruraux, les centres de vacances et de loisirs, les clubs de jeunes, les bases de plein air, les foyers de jeunes travailleurs. Puis, relevant le défi posé par les évolutions récentes, de nouveaux lieux d’intervention se sont ouverts : insertion et formation d’adultes, clubs du troisième âge, maisons de retraite, clubs de prévention, action auprès de personnes porteuses de handicap ou atteintes de maladie en milieu hospitalier etc ... , ainsi que toute une série de nouveaux métiers encouragés par la politique de la ville qui tentent de répondre à des besoins de plus en plus pointus de la population : mieux vivre ensemble, besoin de la personne et des familles, épanouissement individuel, accueil, information, développement du territoire etc … (cf fiche pratique qualification ou compétence). La plupart de ces nouvelles fonctions ont été inaugurées dans la foulée des emplois jeunes qui ont permis d’identifier des besoins non satisfaits. C’est là une « terra incognita », un continent qu’il s’agit de défricher sans aucune modélisation préalable. L’absence de normes et de références précises du métier d’animateur qui, en d’autres circonstances, a pu être considérée comme un inconvénient majeur à l’édification d’une identité professionnelle, a sans doute joué de façon très positive pour permettre à cette profession de s’adapter aux évolutions de la société et des comportements des publics. On dit de l’animateur qu’il doit être un facilitateur de relations et être doté de la capacité d’écoute, d’accompagnement et de médiation lui permettant à la fois d’adapter son langage aux différents acteurs, mais aussi de se mettre à la place des autres, de leurs intérêts ou de leurs désirs et de comprendre les enjeux sociaux d’une association, d’un quartier ou d’une collectivité locale afin d’en déduire les logiques d’action qui en découlent. Autant de qualités pouvant être réinvesties dans des secteurs qui vont bien au-delà du simple loisir et qui le positionne en bonne place pour s’adapter aux nouvelles formes de vie sociale.

 

Pour définir le groupe professionnel des animateurs, on lui accole des termes faisant référence à ses aspects très polyvalents, hétérogènes, voir même polymorphes. Nous avons constaté que les contours flous et incertains de son champ de compétence qui rendent sa délimitation parfois délicate, lui ont permis en même temps de garder une force d’adaptation tant par rapport aux changements de contexte que de publics. La spécialisation des fonctions peut donner lieu à une impression de dispersion quant aux compétences en jeu ou au contraire à la conviction de cette diversification s’opère dans une dynamique créatrice et innovante. Le lecteur aura compris que c’est dans cette dernière direction que ce dossier penche.

 

« Le métier d’animateur » Jean-Marie Mignon, éditions Syros

 « Les passions tristes. Souffrance psychique et crise sociale » Miguel Benassayag et Gérard Schmidt, édition La Découverte

 

A lire interview Guillaume Brient

 

 

 

 

Fiche n°1 : Fiche Onisep

Extrait de la fiche métier régionalisée proposée en avril 2002 par l’ONISEP Alsace, intitulée : Animateur socioculturel

De l’organisation des loisirs à l’action sociale

Vie de quartier, sécurité, exclusion… le développement social est partout : l’animateur socioculturel de part ses activités est au centre de ces problèmes. Qu’il soit dans des clubs du 3ème âge, des groupes de jeunes en dehors du temps scolaire, ou dans l’intervention en quartiers défavorisés, l’animateur a pour mission de favoriser les échanges. Il contribue à développer une meilleure cohésion du lien social à travers des activités de groupes, qu’il conçoit, organise et encadre.

Il exerce dans des domaines très divers : loisirs, sports, culture, vie sociale ou activités éducatives. Son rôle en matière d’insertion et de développement local est de plus en plus important.

Le métier d’animateur socioculturel est en pleine évolution : il se structure et se professionnalise de plus en plus. Au niveau de l’embauche l’expérience reste un facteur déterminant.

L’animateur socioculturel a pour rôle de faciliter l’expression, la créativité et la socialisation des individus. Il initie à des techniques diverses (théâtre, poterie, expression corporelle…),

encadre des activités sportives, sensibilise à des préoccupations locales (environnement, urbanisme…) ou culturelles (organisation de rencontres-débats, visites, ciné-clubs…).

A travers la pratique de responsabilités ou d’activités collectives, il favorise la socialisation et  l’insertion de jeunes et des adultes.

Comme animateur de quartier, il peut informer sur les mesures telles que le RMI, participer à l’alphabétisation, conseiller les personnes en difficulté et les diriger vers d’autres travailleurs sociaux. »

 

 

Fiche n°2: Définition de l’animateur

Linstitut méditerranéen de formation et de recherche en travail social propose la définition suivante du métier d’animateur :

«  L’animateur a pour fonction de concevoir, d’organiser et de développer des activités éducatives, culturelles et sociales, afin de favoriser la communication, l’adaptation au changement social et le développement culturel et collectif.

On distingue 3 types d’animateurs :

-      Les animateurs « spécialistes » soit d’un public soit d’une technique (musique, audiovisuel…)

-      Les animateurs « généralistes » dotés à la fois de compétences techniques et organisationnelles

-      Les animateurs « responsables » : coordonnateurs, directeurs d’équipements socio-culturels…

Il conçoit et anime des activités d'animation, culturelles et sociales au sein de différentes structures relevant :

-      du tourime ou des loisirs (villages de vacances, clubs, centres de vacances de comités d'entreprises...)

-      du loisir éducatif (associations, communes, collectivités)

-      de l'action sociale (centres sociaux, foyers de jeunes travailleurs, actions d'insertion, clubs du troisième âge...)

-      du développement social urbain (associations de quartier, maisons de jeunes, services de proximité...)

Les fonctions de l'animateur demandent une technicité importante (artistique, culturelle, scientifique) pour satisfaire des publics différents dans un objectif de développement personnel.

L'animateur peut également participer à des actions de formation ou de gestion. La profession, souvent très mobile, permet l'évolution de carrière.
On considère trois niveaux d'emploi (et donc de formation) :

Assistant animateur de loisirs, moniteur (BAPAAT)

Emploi de technicien (BEATEP) / animateur spécialisé / animateur technicien

Cadre et technicien supérieur : Directeurs, chefs de projets, agent de développement local, responsable de structure (formations universitaires, DEFA, DPAD) »

I.M.F. : 16 rue Ferdinand Rey 13006 Marseille  tél : 04 91 24 61 10 fax : 04 91 47 52 15

www.imf.asso.fr

 


Fiche n°3 : Animation : combien de divisions ?

« Si on additionne de façon approximative et avec prudence les 75.000 animateurs de la branche socioculturelle, les 31.000 animateurs territoriaux, un ou deux milliers d’animateurs des fonctions publiques d’Etat et hospitalière, les quelques centaines de ceux qui travaillent dans le secteur privé commercial et les milliers d’emplois jeunes, on ne doit pas être trop éloigné d’un effectif total de 120.000 animateurs » (Jean Marie Mignon « Le métier d’animateur »)

Le public concerné par l’animation est constitué de 3 millions d’enfants de 6/14 ans fréquentant les Centre Aéré (sans hébergement), 1 million de 4/18 ans en Centre de Vacances (avec hébergement). On compte 12 millions de pratiquants au sein de 175.000 associations sportives animées par 1 million de bénévoles. 200.000 jeunes sont usagers chaque année de 450 Foyers de Jeunes Travailleurs (la moitié y sont hébergés). 200.000 militants fréquentent 3.300 foyers ruraux présents dans 5.000 communes. On compte enfin 1572 Centres Sociaux et 1200 Maisons des Jeunes et de la Culture présents aux quatre coins du pays. (Geneviève Pujol « Guide de l’animateur socio-culturel »)

 

 

Fiche n°4 : Animateur : agent de changement ou d’intégration aliénante ?

L’univers chaud de l’animation se caractériserait par la vitalité, l’élan, le souffle, le dynamisme, l’action, le mouvement, le changement, la stimulation, la participation, l’autonomie, l’autodétermination, le dépassement, le développement, la revendication, la critique, la contestation, voire la subversion, le contre-pouvoir, la prise de conscience, l’expression, la communication, la réalisation de soi, l’émancipation, la démocratie, l’innovation, l’auto-production. L’animateur orienterait la vie quotidienne pour la dynamiser vers l’engagement individuel et collectif. Il tenterait de développer la communication sociale, la liberté d’expression, la prise de parole, l’échange, le dialogue, la relation, l’interaction vers une communauté à reconstruire. Il agirait en tant que sage-femme aidant les systèmes sociaux à accoucher d’un changement social produit de la résistance à l’économie marchande et à sa médiocrité, sa passivité, sa ségrégation et à son conformisme.

L’univers froid de l’animation se caractériserait par l’adaptation, l’intégration, la normalisation, le contrôle social, la soumission à un modèle dominant et aliénant, la conformité voire le conformisme, la stabilité, l’imitation, la reproduction. L’animateur agirait comme peut le faire un système orthopédique. Il serait facteur de cohésion sociale et de réduction des conflits sociaux en canalisant les énergies vers l’intégration, le consensus, le statut quo. Il serait un mode sournois de contrôle, un lubrifiant permettant de perpétuer la société telle qu’elle est, un cache-misère et un SAMU social épousant les modes au gré des vents, fidèle serviteur d’une techno-structure ogresse et dévoratrice. Il privilégierait l’épanouissement pour l’homme par la multiplication des structures intermédiaires qui n’agissent que sur les conséquences et pas sur les causes profondes des inégalités, masquant les rapports de force qui traversent le système social.

L’univers chaud est plutôt celui des années 1960-1970. L’univers froid serait le réusltat de la fin des espérances des années 1980-1990.

L’animateur mérite-t-il tant d’honneur ou tant d’indignité ? Tantôt héros, tantôt pelé et galeux, l’animateur est comme beaucoup d’autres travailleurs sociaux, un paradoxe. Il serait hasardeux de prétendre qu’il peut échapper totalement à l’un ou l’autre de ses deux univers. L’individu est à la fois le résultat d’un certain nombre de déterminismes et aptes à affirmer un minimum de liberté de choix à leur égard. Il est à la fois produit et producteur de la société. Il est homme libre dans une société qui agit sur lui. L’animation n’est pas inscrite dans une logique finale simple, mais elle est le lieu d’un conflit sur son sens et sur ses enjeux. Le professionnel peut être tour à tour, successivement et en même temps un agent de contrôle social et un agent d’émancipation. Il lui revient d’avoir à gérer cette double fonction au travers d’une pratique qui constitue à chaque fois une construction sociale.

(D’après « Animation et animateurs » Jean-Claude Gillet, L’Harmattan)

 

 

Fiche n° 5 : Logique de qualification versus logique de compétence

Il faut bien en convenir, le travail social est en pleine mutation : la multiplication des partenaires, les stratégies différentiées des employeurs, les évolutions des pratiques  et des modalités de l’action sociale, l’obsolescence rapide des catégories traditionnelles utilisées pour décrire le champ professionnel conduisent à un constat : plus personne ne sait très bien qui est qui, et qui fait quoi. L’état des lieux est clair. Le travail social s’est tout d’abord structuré à partir des diplômes des professions historiques : les assistants de service social. (1938), les éducateur spécialisé (1967), les délégués à la tutelle, les conseillères en économie sociale et familiale et les éducateurs techniques spécialisés (1969), les moniteurs éducateurs (1971), les aides médico psychologiques (1971),  les jardinières d’enfants -futur éducateur de jeunes enfants- (1973), les animateurs (1979).

Là où la situation devient plus complexe, c’est que depuis une vingtaine d’années, l’espace professionnel s’est considérablement accru, au point que pas moins de 210 appellations différentes ont pu être identifiées recouvrant des fonctions nouvelles. On peut les regrouper en plusieurs catégories :

les services qui préservent le cadre de vie et améliorent les conditions du mieux vivre ensemble : ré-humaniser des lieux, de multiplier des services permettant une régulation sociale là où existent des germes de tension, de conflits, de dégradations des espaces ou des lieux collectifs (animateur médiateur social, correspondant de nuit, agent d’accompagnement des transports, agent de conseil et d’assistance aux locataires…).

les services en réponse aux besoins de la personne et de la famille : plus grande prise en compte de la personne dans sa globalité et dans son contexte, plus grande prise en compte des dimensions d'écoute et d'accompagnement des personnes désocialisées (médiateur inter-institutionnel, agent de solidarité, auxiliaire d’intégration sociale et scolaire …)

les services d'accueil, d'information, d'assistance voire de défense des personnes dans leurs relations aux institutions : faciliter l’accès à l’information et aux administrations, développer des formes de relais d'assistance, de conseil voire de défense auprès d'administrations ou d'institutions (agent d’accueil et d’information, assistant aux victimes et à la médiation pénale, assistant socio-judiciaire, animateur en économie d’énergie dans le domaine social…).

les services qui visent l’épanouissement de la personne : plus de proximité avec les publics, (un meilleur accueil et plus d'écoute),  accès plus large des activités à tous les publics,  adaptation de ces activités à des publics spécifiques (agent d’information jeunesse, médiateur culturel, animateur environnement, animateur-accompagnateur des personnes âgées…).

les services pour favoriser le développement des territoires : mise en réseau d'acteurs et de projets collectifs sur un territoire, dynamique de développement économique local ( coordinateur-animateur de réseau, animateur du développement associatif local, coordinateur du réseau santé, assistant en éco-développement …

D’un côté, l’on trouve des professions qui sont reconnues à partir d’une logique de qualification acquise suite à une formation débouchant sur un examen. De l’autre, celles qui recouvrent bien plus une logique de compétence : l’aptitude à faire face aux populations en difficultés certifiées par un itinéraire et une trajectoire personnelle. De cette réalité émerge la polémique : le travail social historique serait-il une forteresse attaquée de plein fouet et menacée de fragmentation comme prétendent les uns ou est-il engagé dans une recomposition qui, au-delà de risques de frictions, fait place à la combinaison et au compromis comme rétorquent les autres. Le débat n’est pas tranché.

 

A lire : « Les mutations du travail social- Dynamiques d’un champ professionnel » sous la direction de Jean-Noël Chopart, Dunod, 2000 303 p.

 

 

Bibliographie

« Histoire des centre sociaux- Du voisinage à la citoyenneté » Robert Durand, Syros,  (262 p.- 1996)

Les centres sociaux ont pris une place essentielle au coeurs de nos villes. Leur démarche se rattache à la logique globale de l’animation : intervenir dans la globalité de la vie des citoyens, valoriser la collaboration active des habitants du quartier, les placer dans un rôle d’acteur à part entière de tout ce qui est entrepris pour le mieux-être de tous et de chacun. Cette proximité revendiquée a eu pour conséquence l’indépendance de chaque centre à l’égard de toute autorité ou idéologie, mais aussi les uns par rapport aux autres sans que cela exclue pour autant toute logique fédérative. Aujourd’hui, le parc des centres sociaux comporte près de 1.600 équipements employant 20.000 professionnels permanents. Mais ce n’est que l’aboutissement d’un long cheminement. Issues d’une première expérience anglaise datant de 1884, les initiatives françaises se multiplient à partir de 1897, sous l’impulsion de catholiques militants. Mais, elles restent confidentielles et en marge d’un monde ouvrier tourné pour l’essentiel vers l’action syndicale et politique. La véritable expansion intervient après la deuxième guerre mondiale. Elle correspond à une reconnaissance officielle concrétisée à partir de 1971 par un financement spécifique et un agrément par la CAF. Après 1984, commence le temps des turbulences. La société salariale en crise et la précarisation accélérée des emplois provoquent une crise du militantisme, un repli domestique et le désengagement de l’Etat. Nouvelle époque nouveau défi à relever pour ce mouvement incontournable du paysage contemporain.

« Animation et animateurs », Jean Claude Gillet, L’harmattan, (326 p.- 1995)

L’auteur nous propose dans cet ouvrage une tentative de modélisation de la démarche d’animation qui mérite qu’on s’y attarde. Il commence par passer en revue les diverses théories qui ont essayé de comprendre la problématique qu’il pose. Il soumet ensuite

-      l’hypothèse de deux axes d’orientation que serait l’approche consommatoire et l’approche abstraite (transfert de valeurs symboliques) à quatorze cas concrets qui mettent en scène des couples comme activité/action, agent/acteur, programme/projet, l’institué/l’instituant,

-      socialisation/sociabilité, consensus/conflit, ou encore pratique/praxis. Il propose ensuite sa propre perception. Tout a commencé dans les années 1960 sur une logique militante qui s’appuyait essentiellement sur le facteur élucidation (libération de la parole et de la réflexion). Puis est intervenue une dynamique plus technicienne qui a privilégié la production de l’activité en elle-même. Le secteur de l’animation serait aujourd’hui plus sur une approche de médiation  qui se tourne vers la facilitation (organisation, stimulation, clarification, coordination). L’animateur se positionne sur chacun de ces trois pôles, non d’une façon définitive, mais en fonction des situations, du moment, des lieux, des rapports de force, de l’expérience, des enjeux multiples, des ressources et des réseaux auxquels il appartient. D’une lecture pas forcément facile, cet ouvrage donne néanmoins du corps à la réflexion sur l’identité professionnelle des animateurs.

« Le métier d’animateur » Jean-Marie Mignon, Syros, (164 p.-1999)

Cet ouvrage rédigé par un conseiller Jeunesse & Sport est très bien documenté et très complet sur le métier qu’il décrit. Il fait le point sur son origine, son histoire, la formation qui l’y prépare, les diplômes qui le sanctionnent et les différents cadres d’emploi qui le concernent. Mais au-delà du simple descriptif toujours utile à rappeler, il pose des questions pertinentes et judicieuses. Ainsi, s’appuyant sur la sociologie des professions, il explique la fragilité de l’identité d’animateur. L’exercice de cette activité n’est conditionnée par aucun diplôme (on peut fort bien être recruté sans en avoir), ne bénéficie d’aucune représentation unifiée (plusieurs associations existent mais n’ont jamais réussi à se mettre d’accord), n’est régulé par aucun code de bonne conduite (seule existe la liste ministérielle publiant chaque année des interdictions d’exercer). Paradoxalement, elle semble plus facile à identifier à partir de ce qu’elle n’est pas, en s’appuyant sur les limites avec les métiers contigus. L’éparpillement des tutelles (éducation nationale, ville, agriculture, environnement, tourisme, affaires sociales, culture) n’est pas fait pour clarifier la situation. Pour autant, c’est un secteur doté d’un grand dynamisme et d’une grande capacité d’adaptation, qui est en outre en pleine expansion. Il reste soudé autour de la conviction d’émancipation sociale qui constitue la base de l’éducation populaire.

« Guide de l’animateur socio-culturel » Geneviève Poujol, Dunod, (246 p.- 1996)

65 « entrées » différentes pour ce guide qui se consulte article par article. On y parle de la place des bénévoles : 19% des français affirment avoir exercé une telle activité, dont 43% dans le secteur culture-loisirs. On y parle de professionnalisation et de certification : les diplômes ont été mis en place souvent en catastrophe, la reconnaissance de qualification semblant courir après la réalité du terrain. S’est ainsi établi tout un dispositif allant du BAPAAT (niveau V: BEPC/CAP) au tout nouveau DPAD (niveau II: licence) en passant  par le BEATEP (niveau IV: BAC) et le DEFA (niveau III: DEUG. Reste que l’entrée classique dans la filière se fait encore via les bafa  et bafd. Ainsi, ces brevets constituaient les seuls diplômes de 38,3% des permanents des Centres Sociaux consultés en 1991 (contre 17%pour le DEFA et 4% le BEATEP). On y trouve un état des lieux des équipements, des associations employeuses, des fédérations d’éducation populaire ainsi qu’une présentation du ministère de la jeunesse et des sports, de la place centrale prise par les municipalités mais aussi des autres partenaires. La profession est aussi décrite dans ce guide comme s’étant étendu au delà de la seule vocation uniquement culturelle et s’articulant aujourd’hui aux autres travailleurs sociaux pour s’atteler à l’insertion des jeunes et des moins jeunes en voie d’exclusion ou déjà à la dérive.

 



05/09/2011
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